Label

Prelude Records : Le label indépendant qui a fait danser le monde

today27 mars 2025 3765 3323

Arrière-plan
share close

Sreamlabs

Prelude Records

Une utopie disco au cœur de New York

En 1976, alors que le disco battait son plein dans les clubs de New York, un homme décide de miser sur une vision audacieuse et radicale de la musique : Marvin Schlachter, ancien de Chess et Scepter Records, fonde Prelude Records.

C’est au 200 W. 57th Street, dans un petit bureau de Manhattan, que se dessine l’un des catalogues les plus emblématiques de la musique dance.

Avec une équipe réduite, Prelude va pourtant bousculer les codes, redéfinir les formats, imposer une esthétique sonore unique, et créer des classiques éternels.

Schlachter ne croyait pas au hasard : ce n’était ni un rêve, ni un coup de chance. Ayant déjà dirigé plusieurs labels, il voit dans la fermeture de PYE US une opportunité.

Avec les artistes qu’il avait commencé à signer, il bâtit Prelude sur des bases solides : une connaissance fine du business, une passion pour la musique black, et surtout une intuition : les majors n’ont rien compris au disco. Il va leur prouver le contraire.

Le remix comme art majeur

L’une des grandes innovations de Prelude, c’est le format 12 pouces.

Ce disque maxi 45 tours, que Marvin pousse dès les premières sorties, permet des versions longues, taillées pour les clubs.

Et ça change tout. Les DJs peuvent enfin faire durer le groove, jouer avec les breaks, maintenir l’énergie.

François Kevorkian, DJ et ingénieur du son, rejoint l’équipe en 1978 et commence à remixer les titres pour les dancefloors.

Son travail sur « In the Bush » de Musique, ou « Keep On » de D-Train, redéfinit les standards du remix.

C’est à la fois technique, inventif, et viscéral.

Il faut faire bouger les corps, prolonger le plaisir, créer une transe. Kevorkian, avec ses delays, ses effets, ses montées, préfigure la house music.

Un son, des producteurs, une esthétique

Chez Prelude, ce sont les producteurs qui créent le son. Patrick Adams, Eric Matthew, Willie Lester… Ils sont les architectes du groove. Schlachter le dit lui-même : « Les artistes étaient parfois de simples instruments. »

Prenons Musique : à l’origine, ce n’est même pas un groupe.

Adams engage des chanteuses de session (dont Jocelyn Brown et Christine Wiltshire) et enregistre des bombes comme « Push Push in the Bush » et « Keep on Jumpin' ». Le succès est tel qu’on crée un groupe ex nihilo.

De même, France Joli, à peine 16 ans, est propulsée star avec « Come to Me », produit par Tony Green.

Le tube cartonne aux États-Unis, même si Prelude ne détient pas les droits hors Amérique.

Quand elle quitte le label pour Columbia, sa carrière s’effondre. Le message est clair : chez Prelude, le son prime sur le nom.

Des classiques pour les clubs et l’éternité

Le catalogue de Prelude est une véritable playlist des clubs new-yorkais de la fin des années 70/début 80. Parmi les bombes absolues :

  • « You’re the One for Me » de D-Train : fusion parfaite entre electro-funk, soul et jazz.
  • « I Hear Music in the Streets » d’Unlimited Touch : un modèle de groove urbain, remixé par Kevorkian.
  • « Beat the Street » de Sharon Redd : hit brûlant avec ses synthés acides et sa basse élastique.
  • « Body Music » des Strikers, ou « Must Be the Music » de Secret Weapon : le son club new-yorkais à l’état pur.

Ces morceaux vivent toujours, samplés par Daft Punk, Todd Terry, ou Purple Disco Machine, preuve de leur pertinence éternelle.

L’indépendance comme moteur

Ce que Marvin Schlachter a compris avant tout le monde, c’est que les petits labels ont le pouvoir de déclencher des révolutions.

« Les majors sont de grosses machines marketing. Les indépendants, eux, trouvent les sons, les styles, les artistes. »

Il en a fait la démonstration avec Prelude.

Il a aussi innové dans les formats, en créant des doubles maxis promo pour les DJs, afin de ne jamais sacrifier la qualité audio.

Tout était pensé pour le club, pour la piste, pour l’énergie.

Un catalogue immense, un impact colossal

De 1976 à 1986, Prelude publie plus de 120 maxis et des dizaines d’albums.

Le label cartonne avec D-Train, Musique, France Joli, Sharon Redd, Unlimited Touch, Inner Life, Nick Straker Band, Gayle Adams, Theo Vaness, Empress

Puis vient le déclin du disco, les bouleversements du marché, et Schlachter choisit de clôturer l’aventure.

Il vend le catalogue à UniDisc (Canada) qui continue de le distribuer.

Mais son influence reste vivace : on entend du Prelude dans la house de Chicago, dans les remixes de la French Touch, dans le funk de Bruno Mars.

Pochette de D-Train chez Prelude Records
D Train

L’héritage précieux de Marvin Schlachter (1934-2024)

Disparu en septembre 2024 à l’âge de 90 ans, Marvin Schlachter laisse un vide mais aussi un modèle.

Son amour sincère pour le disco, sa façon de donner la priorité au son, aux producteurs, aux DJs, a changé le visage de la musique club.

Jusqu’au bout, il affirmait : « Disco n’est jamais mort. On a juste changé son nom. » Et il avait raison.


Funky Pearls Radio rend hommage à ce label mythique en continuant de faire vivre ses perles, nuit et jour, sur les ondes. Parce qu’on n’en aura jamais fini avec le groove.

« I loved it. I absolutely loved it! » — Marvin Schlachter, président de Prelude

Une discographie culte à redécouvrir

Le catalogue de Prelude, riche, audacieux et souvent avant-gardiste, est aujourd’hui une source inépuisable pour les crate diggers, les producteurs de house et les amateurs de funk moderne.

Certaines raretés comme « Disco Circus » de Martin Circus (pressé en double maxi), « Body Movement » de Conquest ou encore « I’m Caught Up (In a One Night Love Affair) » d’Inner Life sont devenues des trésors convoités. Ces disques, souvent réédités, se revendent à prix d’or sur le marché du vinyle.

L’approche de Prelude consistait à faire confiance aux compositeurs et remixeurs.

Le producteur Greg Carmichael, complice régulier de Patrick Adams, a notamment été à l’origine d’une des signatures les plus chères de l’histoire du label avec le titre d’Inner Life, acheté pour 17 500 $ — un record à l’époque.

Des voix cultes derrière le groove

Bien que Prelude ait mis en avant des producteurs, certaines voix sont devenues indissociables du label.

Jocelyn Brown, par exemple, est omniprésente sur les productions de Patrick Adams. Son timbre puissant traverse les décennies avec une classe inégalée.

Sharon Redd, avec son style affirmé et sa voix chaude, est une autre figure culte du label. Véritable diva du dancefloor, elle a marqué les clubs avec des titres comme « Can You Handle It » et « Never Give You Up« .

Enfin, Gayle Adams, France Joli ou encore Unlimited Touch ont tous apporté leur touche à cette fresque disco-funk aux contours variés, mais toujours irrésistiblement dansants.

L’esthétique Prelude : entre nuit new-yorkaise et élégance urbaine

Ce qui distingue Prelude, au-delà de sa musique, c’est aussi son esthétique sonore et visuelle. Les pochettes, souvent élégantes et mystérieuses, laissaient deviner une certaine sophistication.

Le son, quant à lui, privilégiait la basse, les claviers brillants et les arrangements percussifs subtils. Une bande-son de la nuit urbaine, conçue pour durer, vibrer et séduire.

Une école pour les DJs et les beatmakers

Prelude a formé, sans le savoir, des générations de DJs. Ses intros longues, ses breakbeats bien placés, ses grooves puissants sont devenus des outils d’apprentissage pour mixer, scratcher, sampler.

Dans les années 1990 et 2000, des artistes comme Todd Terry, Masters at Work, Daft Punk ou Armand Van Helden ont puisé dans ce catalogue pour bâtir le son de la house moderne.

Aujourd’hui encore, les samples issus de Prelude résonnent dans les tracks de la scène nu-disco ou électro-funk.

Funky Pearls Radio : l’écho contemporain d’un label éternel

À travers ses programmations, Funky Pearls Radio continue de faire vivre cet héritage.

Chaque passage d’un titre de D-Train, de Musique, ou de Gayle Adams réactive la mémoire collective d’une époque où la musique dansante était aussi une déclaration d’indépendance artistique.

Les DJs de la station prolongent la mission de Marvin Schlachter : faire découvrir, faire vibrer, faire danser. Et rappeler que le groove ne meurt jamais — il se transforme, se transmet, et revient toujours frapper à la porte des clubs.

Merci Marvin. Merci Prelude. Le dancefloor ne vous oubliera jamais



Écrit par: Team Funky Pearls

Rate it

Article précédent

Label radio funk disco funky pearls

Disco

Pépites Disco Indépendantes

Labels disco indépendants Dans l'effervescence de l'ère disco, les labels indépendants ont joué un rôle crucial, propulsant des artistes novateurs et des sons avant-gardistes qui ont façonné le genre, souvent loin des projecteurs des majors. Ces petites structures, telles que Malligator de Cerrone ou Prelude, ont été les véritables laboratoires de la musique disco, offrant une liberté créative et une proximité avec les artistes qui ont permis l'émergence de perles […]

today27 mars 2025 3765 2654