Artistes Funk

Jean-Pierre Massiera : Le génie excentrique de la musique française

today26 août 2024 34 11 5

Arrière-plan
share close

Une carrière prolifique mêlant pop, psychédélisme, et expérimentation sonore

Jean-Pierre Massiera, né le 10 juillet 1941 à Nice et décédé le 28 décembre 2019, également connu sous les initiales JPM, était un musicien, compositeur, producteur, ingénieur du son et propriétaire de studio français.

De la décennie 1960 aux années 1990, il a produit une œuvre abondante qui s’étend de la pop instrumentale au rock psychédélique en passant par le disco.

Son style unique intègre souvent des éléments de musique concrète, des enregistrements en extérieur et des samples.

Ses créations sont généralement publiées sous des noms de groupes formés pour l’occasion tels que Les Maledictus Sound, Horrific Child et Herman’s Rocket.

Il a été surnommé « le Joe Meek français ».

Le critique du Guardian, Ben Thompson, a décrit son œuvre comme un « mélange nauséabond d’humour déjanté, d’effets sonores et d’une musicalité surprenante de haute qualité ».

De son côté, le critique William Rauscher l’a qualifié d’« auteur excentrique dont les explorations audacieuses dans une culture pop débridée allient une sensualité subtile à des expérimentations étranges ».

Jean-Pierre Massiera
Jean-Pierre Massiera

Massiera : De Nice à la scène musicale internationale

Massiera est né à Nice, en France, mais a passé son enfance à Córdoba et à Buenos Aires, en Argentine.

Après avoir appris à jouer de la guitare, il retourne en France durant son adolescence et fonde le groupe instrumental Les Milords.

Massiera y occupe le poste de guitariste solo, accompagné de Pierre Malaussena à la guitare rythmique, Patrick Batteu à la basse et Francis Cavallaro à la batterie.

Après avoir sorti plusieurs singles inspirés par des groupes instrumentaux britanniques et américains tels que les Shadows et les Ventures, Massiera et Malaussena créent un nouveau groupe en 1964 nommé Les Monégasques, avec Fernand « Nicky » Cafiero à la basse et Jean Haumont à la batterie.

Le groupe a également collaboré sur des enregistrements du chanteur pop Gérard Brent.

La Fondation du Studio d’Enregistrement Méditerranéen par Massiera en 1967 et ses Premières Productions

En 1967, Massiera fonde son propre studio d’enregistrement à Nice, le Studio d’Enregistrement Méditerranéen (SEM), équipé de matériel de haute qualité.

Il commence alors à enregistrer des artistes locaux, tels que le batteur André Ceccarelli et les chanteurs Jocy (qui deviendra plus tard Jessy Joyce, de son vrai nom Joyce Pepino) et Basile. En 1968, il compose et produit l’album « Attention », attribué aux Maledictus Sound.

En plus de Massiera et Ceccarelli, le groupe comprend également le guitariste Patrick Djivas, qui rejoindra par la suite le groupe italien Premiata Forneria Marconi (PFM).

Une des pistes de l’album, intitulée de manière provocante « Jim Clark Was Driving Recklessly », fait référence au pilote de course Jim Clark, décédé dans un accident quelques mois auparavant.

Massiera : De la France au Québec et retour, une carrière prolifique dans la production musicale des années 60 et 70

À la fin de l’année 1968, Massiera décide de vendre son atelier et de s’installer au Québec.

Cependant, il retourne en France dès l’année suivante.

Durant la fin des années 1960 et le début des années 1970, il continue à œuvrer en tant que producteur pour des artistes de pop et de freakbeat.

Parmi ses travaux notables figure le single « Pardon pour Buchenwald » d’Erik, où il incorpore des extraits de discours nazis.

Il enrichit également l’album de hard rock « Chico Magnetic Band » de Mahmoud « Chico » Ayari (1971) avec divers effets électroniques.

En 1972, épaulé par son demi-frère Bernard Torelli, il inaugure un nouveau studio 16 pistes à Antibes, connu sous le nom de Studio d’Azurville ou Antibes Studio 16.

Ce studio accueille des artistes tels que John McLaughlin et Bill Wyman, parmi tant d’autres.

Les Œuvres Musicales de Massiera : De « Visiteurs » à « L’étrange Mr. Whinster »

En 1974, il crée et produit l’album « Visiteurs », qui explore un thème extraterrestre.

Parmi les musiciens figurent le chanteur Gérard Brent, le violoniste Didier Lockwood (qui rejoindra plus tard le groupe Magma) et Bernard Torelli à la guitare.

Deux ans plus tard, en 1976, il sort l’album « Atlantide » avec Patrick Attali au chant et Torelli jouant de la guitare, du sitar et du mellotron.

La même année, Massiera réalise un de ses albums les plus notables, « L’étrange Mr. Whinster », attribué au groupe Horrific Child et présenté comme une « expérience psychologique ».

Cet album intègre des rythmes africains, des samples, des lectures d’auteurs tels que Baudelaire, Lovecraft et Lautréamont, ainsi que des contributions régulières de Torelli, Brent et Jessy Joyce.

Massiera a également coécrit et coproduit l’album « Love Me » de Jessy Joyce et le single « Toi qui rêves de baisers » sous le nom de Sex Convention.

L’évolution musicale de Massiera en 1977 : De « Turn Radio On » à « Phantasmes »

L’album « Turn Radio On » de 1977 a été co-écrit par Massiera et Torelli, et coproduit par Massiera et Georges Colleuil. En parallèle, Massiera a réalisé des albums folk rock pour Valéry Btesh et a participé à la production des disques du groupe proto-punk Little Bob Story.

Son album suivant, intitulé « Phantasmes », est sorti sous le nom de JPM & Co. et propose un mélange de styles incluant la chanson française, le disco, la musique électronique expérimentale et le rock progressif.

Cet album comprend également la pièce « Dali court », une parodie de « Daddy Cool » de Boney M dédiée à Salvador Dalí, ainsi qu’une reprise de « Les Moulins de mon cœur » de Michel Legrand. Toujours en 1977, Massiera a publié un single sous son propre nom intitulé « Aime moi », qui est une reprise de « Child in Time » de Deep Purple.

Collaborations et Productions de Jean-Pierre Massiera en 1978

L’année suivante, il collabore à l’écriture et à la production de l’album « Space Woman », attribué au groupe Herman’s Rocket.

Cet album de « disco cosmique » a été commandé par le propriétaire du label, Humbert Ibach, et la chanson éponyme est devenue l’une des plus célèbres de Massiera.

Son album suivant, « Galactic Soul » (également connu sous le nom de « Synthetic Soul »), suit une approche similaire, mais est cette fois attribué au Venus Gang.

Les deux albums ont été produits avec Torelli comme arrangeur et comportent des réinterprétations d’œuvres antérieures de Massiera et d’autres artistes.

Toujours en 1978, Massiera coécrit et coproduit l’album disco de Jessy Joyce intitulé « J. Joyce & Co. », ainsi que l’un de ses albums les plus célèbres, « Human Egg », qui est à la fois le nom de l’album et du groupe.

Cet album de rock progressif met en avant plusieurs collaborateurs réguliers de Massiera, dont Bernard Torelli, Patrick Attali, Tony Bonfils, Jessy Joyce et André Ceccarelli.

Avant la fin des années 1970, Massiera a également produit des albums disco pour Micky & Joyce (Hold Up) et Trans Am Dancing, par Friends, avec la participation de la chanteuse Sparkle Tuhran.

En 1979, il quitte Antibes et ouvre à Paris le studio Jean Jaurès pour Philips Records.

En 1981, il produit l’album jazz-rock Debbi de Francis Lockwood, l’album disco-reggae La Chica d’African Magic Combo, ainsi qu’un second album attribué à Visitors et de nombreux singles pour divers artistes, parfois en collaboration avec Torelli ou d’autres producteurs.

Durant les années 1980, Massiera continue son travail d’auteur et de producteur, bien que de manière moins intensive qu’auparavant, utilisant parfois les pseudonymes Areisam ou Sierra. En 1983, il coécrit et coproduit avec Torelli le maxi 45 tours Inch Allah, sous le nom d’Orient Express.

Vers le milieu des années 1980, il décide de quitter Paris pour s’établir à Bar-sur-Loup, dans les Alpes-Maritimes, où il ouvre un nouvel atelier. En 1992, à l’occasion du cinq-centième anniversaire de l’arrivée de Christophe Colomb dans les Caraïbes, il coécrit et produit l’album « Red Power » du groupe Indian Nation. Un second album abordant le même thème, intitulé « Red Soul », voit le jour en 1995.

Des extraits de l’œuvre de Massiera édités sur CD

Des extraits de l’œuvre de Massiera ont été édités sur CD, tels que Psychoses Freakoïd (1963-1978) et Psychoses Discoïd (1976-1981), tous deux publiés en 2007 par le label canadien Mucho Gusto Records.

En 2009, Finders Keepers Records a également sorti Midnight Massiera: The B-Musique de Jean-Pierre Massiera.

Écrit par: Team Funky Pearls

Rate it

Article précédent

vinyles et cassettes

Label

Le retour en force des vinyles et cassettes audio : Pourquoi ces formats nostalgiques séduisent-ils à nouveau ?

Le retour en vogue des vinyles et des cassettes audio : qu'est-ce qui explique notre redécouverte de leur attrait ? Dans un univers où le numérique domine et où les technologies modernes connaissent un succès incontestable, on pourrait penser que les formats classiques comme les vinyles et les cassettes audio sont devenus désuets. Cependant, un réel engouement pour ces supports émerge, voire fait un retour en force. Alors, qu'est-ce qui […]

today24 août 2024 53 5



pub

pub

pub

pub

pub

pub

pub

0%