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Funky Pearls Funky Pearls Radio
today14 avril 2025 310 42 5
En 1979, alors que la planète groove vit l’âge d’or de la funk, du jazz fusion et des sons électroniques émergents, Travis Biggs, multi-instrumentiste de génie, propose un disque hors du temps : « Solar Funk ».
Entre jazz spirituel, violon électrique, textures galactiques et rythmes hypnotiques, cet album s’impose comme une œuvre rare, trop souvent ignorée, mais essentielle à tout amoureux de groove expérimental.
Issu de la scène de Detroit, Travis Biggs est un musicien complet, à la fois compositeur, arrangeur, producteur et interprète.
Il joue du violon comme personne ne le faisait alors dans le funk, en intégrant l’instrument au cœur d’un langage fusionnel où se croisent Herbie Hancock, Jean-Luc Ponty, Roy Ayers et Sun Ra.
Solar Funk est une exploration sonore ambitieuse, qui parle autant au corps qu’à l’esprit.
1. Autumn Jewel (3:30) ouvre l’album sur une note poétique. Le violon cristallin de Biggs danse sur un groove discret, presque cinématographique. Une introduction feutrée, qui donne le ton d’un voyage musical contemplatif.
2. After the Storm (4:39) propose un contraste saisissant : percussions profondes, nappes synthétiques, et un violon presque hurlant. On sent ici l’influence de la soul jazz et des soundtracks urbains 70s. Un morceau dramatique, plein de tension maîtrisée.
3. Tibetian Serenity (5:22) est une méditation musicale. Le titre, comme son nom l’indique, plonge dans une ambiance orientalisante, spirituelle, presque new age. Mais le groove, toujours là, ancre le morceau dans une rythmique chaude. C’est du Travis Biggs pur jus : cérébral mais dansant.
4. Ven a Bailar Conmigo (4:21) est un détour latin funky. Biggs flirte ici avec la salsa et le jazz afro-cubain, mais toujours à sa manière : les cuivres sont remplacés par des couches de synthés, et le violon, en lieu de voix, mène la danse. Un morceau festif, sensuel, élégant.
5. Nashville Express (3:37) est un ovni. Qui aurait imaginé un western funk futuriste ? Banjo, slap bass, riffs syncopés, l’ensemble est surprenant mais incroyablement cohérent. C’est là toute la force de l’album : repousser les frontières sans perdre l’auditeur.
6. Solar Funk (7:37), morceau-titre, est le cœur battant du disque. C’est une fresque intergalactique. Riffs synthétiques, solos virtuoses, envolées rythmiques : tout y est. Le violon se fait tour à tour plaintif, explosif, cosmique. Un chef-d’œuvre absolu du jazz-funk instrumental.
7. It’s Live (5:51) clôt l’album dans une ambiance plus brute, plus urbaine.
On imagine un club enfumé, un public réceptif, un Travis en transe. Le groove est sale, le mix organique, les breaks riches. C’est un dernier tour de piste fiévreux.
Ce qui fait la singularité de Solar Funk, c’est sa capacité à synthétiser des mondes musicaux très différents.
Funk, jazz, soul, classique, musiques du monde, rock progressif, électronique…
Travis Biggs les embrasse tous avec une fluidité rare. Il n’imite personne : il invente une langue propre, où le violon devient un messager d’univers multiples.
À une époque où la musique noire américaine est dominée par la disco et la soul FM, Biggs choisit la voie de l’expérimentation.
Il joue des instruments acoustiques comme des machines, et inversement.
Il construit un son personnel, loin des studios bling, mais riche d’intelligence musicale.
Loin des grosses productions de l’époque, Solar Funk est un disque auto-produit avec soin.
Les textures sont chaudes, la réverbération subtile, le mixage volontairement organique.
On sent le travail d’un musicien qui maîtrise chaque étape du processus, du jeu à la console.
Le son du disque évoque à la fois la chaleur des studios analogiques et l’audace des premiers synthétiseurs.
Une dualité entre la terre et l’espace, entre l’intime et le cosmique.
Cet album est une mine d’or pour une programmation Funk Fusion ou Cosmic Jazz Grooves sur Funky Pearls Radio. Quelques idées d’émissions :
Avec Solar Funk, tu proposes à tes auditeurs un voyage sonore rare, une parenthèse introspective mais dansante, idéale pour accompagner une soirée, un mix downtempo ou une émission du dimanche matin.
Malgré ce disque magistral, Travis Biggs reste peu connu du grand public. Il est pourtant une figure clé pour les diggers, les sampleurs et les musiciens curieux.
Des artistes comme J Dilla, Madlib ou Flying Lotus se sont inspirés de son approche.
Solar Funk mérite une reconnaissance nouvelle, une réédition vinyle de qualité, et une mise en lumière dans les playlists exigeantes.
En 1979, Biggs anticipait déjà des sons qui feront fureur dans les années 2000. Il est temps de lui rendre hommage.
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