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Funky Pearls Funky Pearls Radio
today14 avril 2025 307 90 5
Sorti le 13 juin 1983, l’album « Chenar le blues » du groupe algérien Les Abranis est une œuvre emblématique qui résonne comme un pont musical entre la Kabylie, le blues saharien et le rock occidental.
Véritable ovni sonore de son époque, ce disque incarne l’avant-garde de la fusion musicale nord-africaine, bien avant que le mot « world music » ne devienne un label marketing.
Formé dans les années 1960, Les Abranis sont des pionniers du rock en tamazight (berbère).
Avec « Chenar le blues », ils atteignent une maturité musicale rare : guitares saturées, rythmes chaloupés, poésie kabyle, groove hypnotique.
Le tout dans un contexte politique et culturel où mêler modernité et traditions n’était pas si évident.
L’album s’ouvre sur « Athedjaladde » (4:22), morceau à la rythmique envoûtante où les guitares flirtent avec le reggae et les grooves funk.
Puis vient « Chenar le blues » (3:19), titre éponyme qui mêle riffs mélancoliques et pulsations profondes. Un blues saharien teinté de folk électrique.
On poursuit avec « Akoudar » (4:16), tout en tension contenue, et « Avehri » (3:25), ballade rêveuse aux accents psychédéliques.
« Id ed was » (3:58) enchaîne sur une ligne de basse ronde et un tempo qui évoque presque la soul.
« Ayetheri a l’afjare » (2:44) et « Therrza rathwenza » (5:19) plongent plus profondément dans la tradition, avec des structures vocales ancestrales magnifiées par des instruments modernes.
Sur « Achethkhi » (4:30) et « Thilelli » (3:02), la guitare électrique devient presque lyrique, soutenue par une section rythmique précise.
Enfin, « El guoum agui » (2:59) et « Amliyi » (3:43) referment le disque avec des sonorités tantôt dansantes, tantôt méditatives, entre transe berbère et chanson contestataire.
« Chenar le blues » est bien plus qu’un album : c’est le cri moderne d’une culture ancestrale.
À une époque où le rock est encore marginal en Afrique du Nord, Les Abranis choisissent de l’embrasser pleinement, sans renier leur langue ni leurs racines.
C’est là leur force : faire cohabiter l’électricité d’Hendrix, le spleen de B.B. King et la poésie des montagnes kabyles.
En 1983, le monde vit une transformation musicale. La new wave explose, le hip-hop naît, le raï s’émancipe.
Dans ce tumulte mondial, Les Abranis livrent un disque hors des modes, mais profondément moderne dans sa démarche.
Tu veux du funk, mais aussi de la fusion qui groove, des guitares qui pleurent et des voix qui racontent l’exil, l’amour, la liberté ?
Cet album a toute sa place sur les ondes de Funky Pearls Radio, dans une émission spéciale Funk et racines du Sud, ou pourquoi pas dans une sélection Maghreb Soul Fusion.
C’est un disque à (re)découvrir, à faire tourner entre deux classiques de Shuggie Otis ou des pépites de William Onyeabor. Car le funk, c’est aussi l’hybridation, la quête de l’âme à travers le son.
Les Abranis ont ouvert une voie que peu ont osé emprunter. « Chenar le blues » reste un témoignage rare de cette époque où des musiciens algériens osaient brancher les guitares pour chanter leur terre dans leur langue.
Un acte de résistance culturelle, mais aussi une œuvre d’art intemporelle.
Entre rythmes chaloupés, mélodies lancinantes, et envolées psychédéliques, cet album est un trésor pour les collectionneurs, les curieux et les rêveurs.
À ajouter de toute urgence dans ta bibliothèque musicale si tu veux élargir ta carte du groove sans frontière.